Le secteur fortifié de Faulquemont

Le secteur fortifié de Faulquemont est à un emplacement important pour plusieurs raisons : il barre la Route Nationale 3 qui relie la ville allemande de Saarbrucken à Metz et protège, dans une moindre mesure, la mine de charbon de Faulquemont.

L’ossature de ce secteur consiste en 5 ouvrages d’infanterie. Contrairement aux ouvrages d’artillerie, les ouvrages d’infanterie ne sont armés que de mitrailleuses, mortiers et canons antichars. La puissance de feu du secteur est donc moindre, en dépit des 4 mortiers de 81mm du petit ouvrage de Laudrefang qui couvrent le PO de l’Einseling au nord et le PO de Téting au sud. Cette artillerie, même légère, fait du Laudrefang la clef de voûte du secteur.

Comme dans les autres secteurs fortifiés, ces ouvrages sont en outre appuyés sur leurs arrières par des positions d’artillerie ainsi que des troupes mobiles qui, à partir de la déclaration de guerre en septembre 1939, aménagent des positions et construisent observatoires, tranchées et blockhaus. Cela apporte une consistance et une profondeur importantes au dispositif de défense. 3 casemates d’artillerie sont également construites pour flanquer les ouvrages et les couvrir en cas d’attaque.

L'encerclement et l'attente
Insigne des troupes du Secteur Fortifié de Faulquemont. Le faucon reprend la symbolique de la ville de Faulquemont, Falkenberg en allemand (« la montagne aux faucons »)

Lorsque les troupes allemandes arrivent sur les arrières du secteur le 16 juin 1940, les ouvrages sont dans une position délicate puisqu’ils sont seuls. En effet, les équipages des casemates d’intervalle ont évacué le 15 juin et l’ensemble des troupes mobiles stationnées sur les arrières ont reçu l’ordre de se replier dès le 13 juin vers les Vosges. 

Les 5 ouvrages du secteur fortifié de Faulquemont sont donc encerclés et font face à un ennemi déterminé à les faire tomber.

Le 18 juin 1940, un officier allemand accompagné de quatre soldats se présente au Bloc 3 du petit ouvrage de Laudrefang. Il demande à parler au capitaine Cattiaux, commandant de l’ouvrage. Yeux bandés, l’émissaire est amené sur les dessus du Bloc 4, à 300 mètres de là, où il rencontre le capitaine et exige la reddition de l’équipage. Gustave Cattiaux refuse catégoriquement, rétorquant qu’il n’a pas à appliquer l’ordre d’un officier ennemi. Il fait savoir à l’émissaire que l’équipage se défendra contre toute attaque. L’officier allemand, face à tant de bravoure, lui confie alors que l’ouvrage sera bombardé le jour-même à compter de 19h00.

Les combats

Dès 19 h 00 en effet, le PO de Laudrefang est bombardé. Les ouvrages du secteur subissent un sort similaire. Profitant des positions françaises abandonnées sur les arrières et d’angles morts vers lesquels les ouvrages ne peuvent tirer, les troupes allemandes bombardent avec une intensité croissante. Le 20 juin, après plusieurs heures d’un bombardement méthodique sur le bloc 2, le PO du Bambesch se rend. Le 21 juin dans le matinée, le PO du Kerfent situé juste en face subit le même sort et capitule.

La situation est différente au sud du secteur. Les PO de l’Einseling et de Téting sont bombardés et attaqués par les fantassins allemands. Toutefois, les assauts échouent. Les 2 ouvrages sont en effet couverts par les mortiers de 81 mm du PO de Laudrefang situé au centre du dispositif. Les bombardements redoublent alors d’intensité, les artilleurs allemands s’attachant à démolir méthodiquement les façades des blocs de combats et à viser les cloches et tourelles de mitrailleuses.

Ces dernières, bénéficiant de meilleures conditions d’observation et de tir que celles du Kerfent et du Bambesch, ripostent. Ainsi, le môle Einseling-Laudrefang-Téting résiste. Le Laudrefang tire à lui seul en 8 jours plus de 500.000 cartouches de 7,5mm et 5000 obus de 81 mm. Les troupes ennemies ne peuvent s’approcher et finissent par se contenter de bombarder les forts qui leur tiennent tête.

Le 25 juin à 0 h 35, l’armistice entre en vigueur. La France est vaincue, l’Allemagne victorieuse. Au secteur de fortifié de Faulquemont et ailleurs sur la ligne Maginot cependant, les équipages tiennent encore. Le drapeau tricolore flotte sur les ouvrages.

Les combattants français sont soulagés. Invaincus, ils savent qu’ils vont pouvoir rentrer chez eux. Le 25 juin au matin, les équipages sortent des ouvrages. Cela fait plus de 8 jours qu’ils n’ont pas vu la lumière du jour. Le bruit des obus ennemis frappant sans arrêt le béton résonne encore. Ils profitent du beau temps, sortent des chaises, des tables, vont cueillir fruits et légumes aux abords des réseaux de barbelés. La vie reprend, dans l’attente du retour au foyer.

Le 1er juillet 1940, c’est pourtant la douche froide. Les équipages invaincus du Secteur (tout comme les quelques 22000 hommes tenant encore la ligne Maginot) sont informés qu’ils sont faits prisonniers de guerre. C’est l’une des conditions exigées par l’Etat-Major allemand lors de la signature de l’armistice.

La mort dans l’âme, les soldats du secteur fortifié de Faulquemont partent à pied vers Saint-Avold, d’où ils sont emmenés en camions vers Sarrebruck puis envoyés par trains dans différents camps de prisonniers en Allemagne. 

La plupart ne rentrèrent en France qu’en 1945, après la Libération.

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