La ligne Maginot

André Maginot

1918 voit s’achever la Première Guerre mondiale. Bien que victorieuse, la France sort épuisée de ce conflit d’une violence inouïe.

Le nord du pays a été ravagé par les combats, presque 2 millions d’hommes ont été blessés et près d’un million et demi ont perdu la vie. Pourtant, la France doit aller de l’avant. Le Traité de Versailles pose les conditions des vainqueurs aux vaincus. Parmi celles-là, la restitution de l’Alsace et de la Moselle, des territoires qui sont au centre des querelles entre Français et Allemands depuis des décennies.

Ces territoires, il faut à présent les verrouiller, les fortifier pour dissuader toute velléité future de reconquête.

C’est ainsi que germe rapidement l’idée au sein du Gouvernement français d’édifier sur ces frontières de l’est des fortifications qui auront pour rôle de dissuader tout ennemi potentiel d’attaquer le pays frontalement et soudainement. Cette ligne fortifiée sort de terre à partir de 1928, sous l’impulsion de Paul Painlevé, ministre de la Guerre depuis 1924 puis de son successeur en 1929, André Maginot.

Dans le nord-est, elle consiste en 53 ouvrages (ou forts), entre lesquels on édifie des casemates d’intervalles, casemates qui, face au Rhin notamment, constituent même la ligne principale de résistance. Car la ligne Maginot, si elle court du nord au sud de la France, est surtout une composition de plusieurs tronçons plus ou moins fortifiés selon les endroits. La Moselle est ainsi le territoire le plus fortifié, ainsi que les Alpes face à l’Italie, quand la frontière belge n’est parsemée que de petits blockhaus.

Le 1er septembre 1939, l’Allemagne envahit Pologne. C’est le début de la Seconde Guerre Mondiale. La France et la Grande-Bretagne déclarent la guerre à l’Allemagne. Pour couvrir la mobilisation générale, un processus long de plusieurs semaines, la ligne Maginot est immédiatement occupée par ses équipages parés pour le choc.

S’ensuit une longue période que l’on appellera la « drôle de guerre » puisque, de septembre 1939 à mai 1940, en dépit d’une offensive française en Sarre puis de quelques escarmouches sur la frontière, rien ne se passe. Les Français et les Alliés attendent fébrilement le combat mais n’osent aller chercher cet ennemi.

Le 10 mai 1940, l’Allemagne lance finalement son offensive à l’ouest. Les Pays-Bas, le Luxembourg et la Belgique sont attaqués. Les troupes françaises et alliées appliquent dès lors le plan Dyle et s’avancent pour porter le combat le plus loin possible du territoire français. L’Etat-major allemand, anticipant ce mouvement, concentre en réalité le gros de ses troupes face à la forêt des Ardennes, derrière laquelle l’Etat-major français a disposé quelques troupes faiblement aguerries et des fortifications très faibles. La forêt est en effet considérée comme infranchissable aux engins motorisés.

L’armée allemande prouve le contraire et, effectuant une percée foudroyante à travers ce massif, prend de court les armées alliées qui, complètement désorganisées, luttent tout en se repliant progressivement vers la mer, la retraite se terminant à Dunkerque les troupes françaises résistent pendant une dizaine de jours, permettant l’évacuation de plus de 300 000 soldats anglais et français vers la Grande-Bretagne.

L’armée allemande alors leur offensive vers le sud. La France est progressivement envahie. En Alsace, la ligne Maginot est percée en plusieurs endroits, ainsi que dans les Vosges et en Sarre, ces secteurs étant assez faiblement fortifiés et ayant été évacués par les troupes normalement stationnées en soutien sur les arrières.

Dès lors, l’ennemi s’étend sur les arrières de la ligne Maginot. Les ouvrages les plus puissants font l’objet de bombardements mais tiennent facilement à distance les assaillants. Dans les secteurs plus faiblement fortifiés, comme à Faulquemont, les fantassins et artilleurs allemands tentent leur chance et, pour la gloire plus que par intérêt stratégique, tentent de faire tomber les ouvrages. Quelques-uns tombent mais la plupart tiennent bon en résistant farouchement.

Dans les Alpes, à 1 contre 10, les ouvrages et leurs équipages font échouer les assauts des troupes italiennes qui sont ainsi clouées sur la frontière.

Le 25 juin 1940, à 0 h 35, lorsque l’armistice entre en vigueur, 48 des 53 ouvrages du nord-est sont invaincus. 

A partir du 1er juillet pourtant, les quelques 22000 soldats français qui occupent la ligne Maginot sont envoyés en captivité en Allemagne. La plupart d’entre eux ne reviendront qu’en 1945, après la Libération.

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