La ligne Maginot

André Maginot

1918 voit s’achever la Première Guerre mondiale. Bien que victorieuse, la France sort épuisée de ce conflit d’une violence inouïe.

Le nord du pays a été ravagé par les combats, presque 2 millions d’hommes ont été blessés et près d’un million et demi ont perdu la vie. Pourtant, la France doit aller de l’avant. Le Traité de Versailles pose les conditions des vainqueurs aux vaincus. Parmi celles-là, la restitution de l’Alsace et de la Moselle, des territoires qui sont au centre des querelles entre français et allemands depuis des décennies.

Ces territoires, il faut donc les protéger contre l’ennemi fraîchement battu mais qui, demain ou après-demain peut-être, voudra combattre pour venger cette défaite et l’humiliation du Traité, vécu comme un « diktat ».

C’est ainsi que germe très vite l’idée au sein de l’Etat-major français d’édifier sur ces nouvelles frontières de l’est une ligne de fortifications qui viendra prémunir la France de toute attaque soudaine et calmer les velléités ennemies. La ligne Maginot, dont le nom provient du Ministre de la Guerre André Maginot qui supervise sa construction, sort de terre dès le milieu des années 1920. 

Dans le nord-est, elle consiste en 53 ouvrages, ou forts, entre lesquels on édifie des casemates d’intervalles, casemates qui, face au Rhin notamment, constituent même la ligne principale de résistance. Car la ligne Maginot, si elle court du nord au sud de la France, est surtout une composition de plusieurs tronçons plus ou moins fortifiés selon les endroits. La Moselle est ainsi le territoire le plus fortifié, ainsi que les Alpes face à l’Italie, quand la frontière belge n’est parsemée que de petits blockhaus.

Le 1er septembre 1939, l’Allemagne envoie ses troupes envahir la Pologne. C’est le début de la Seconde Guerre Mondiale. La France et la Grande-Bretagne déclarent la guerre à l’Allemagne. Pour couvrir la mobilisation générale, la ligne Maginot est immédiatement occupée.

S’ensuit alors une longue période que l’on appellera la « drôle de guerre » puisque, de septembre 1939 à mai 1940, en dépit d’une offensive française en Sarre puis de quelques escarmouches sur la frontière, rien ne se passe. Les Français et les Alliés attendent fébrilement une attaque allemande et n’osent aller provoquer l’ennemi.

Le 10 mai 1940, l’Allemagne lance finalement son offensive à l’ouest. Les Pays-Bas, le Luxembourg, la Belgique et la France sont attaqués. Les troupes françaises et alliées appliquent dès lors le plan Dyle et s’avancent en territoire belge pour porter le combat le plus loin possible du territoire français. L’Etat-major allemand, anticipant ce mouvement, concentre en réalité le gros de ses troupes face à la forêt des Ardennes, derrière laquelle l’Etat-major français a disposé quelques troupes faiblement aguerries et des fortifications très faibles. La forêt est alors considérée comme infranchissable aux engins motorisés.

L’armée allemande prouve le contraire et, effectuant une percée foudroyante à travers ce massif, prend de court les armées alliées qui, complètement désorganisées, luttent tout en repliant progressivement vers la mer, la retraite se terminant à Dunkerque où des milliers de soldats français et alliés sont tués, faits prisonniers ou évacués vers la Grande-Bretagne.

Les troupes allemandes continuent alors leur offensive vers le sud. La France est progressivement envahie. En Alsace, la ligne Maginot est percée en plusieurs endroits, ainsi que dans les Vosges et en Sarre, ces secteurs étant assez faiblement fortifiés et ayant de plus été évacuées par les troupes normalement stationnées en soutien sur les arrières.

Dès lors, l’ennemi se retrouve à revers de la ligne Maginot. Les ouvrages les plus puissants font l’objet de bombardements mais tiennent facilement à distance les assaillants. Aux secteurs plus faiblement fortifiés, comme à Faulquemont, les fantassins et artilleurs allemands tentent leur chance et, pour la gloire plus que par intérêt stratégique, tentent de faire tomber les ouvrages. Quelques uns tombent mais la plupart tiennent bon en résistant farouchement.

Le 25 juin 1940, à 0h35, lorsque l’Armistice entre en vigueur, 48 des 53 ouvrages dans le nord-est sont invaincus. Dans les Alpes, à 1 contre 10, les ouvrages et leurs équipages font échouer tous les assauts italiens qui sont ainsi cloués sur la frontière.

A partir du 1er juillet pourtant, invaincus, les quelques 22000 hommes qui occupent la ligne Maginot sont envoyés en captivité en Allemagne, avec les honneurs militaires. Ils reviennent en France à la Libération en 1945.

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