Le petit ouvrage de L'EINSELING

Le Petit Ouvrage (PO) de l’Einseling est l’un des 53 ouvrages de la ligne Maginot dans le nord-est de la France et l’un des 5 du secteur fortifié de Faulquemont.

C’est un ouvrage monobloc. En 1940, son équipage compte 68 hommes placés sous le commandement du lieutenant Albéric Vaillant, futur général d’armée.

les tactiques de défense face à l'armée allemande
Le général Albéric Vaillant, ancien commandant de l'ouvrage de l'Einseling
Le général Albéric Vaillant, ancien commandant de l’ouvrage de l’Einseling

Le 3 septembre 1939, la Grande-Bretagne et la France déclarent la guerre à l’Allemagne qui, 2 jours plus tôt, a lancé une offensive en Pologne. C’est le début de la Seconde Guerre Mondiale. La ligne Maginot est immédiatement occupée par les troupes de forteresse pour couvrir la mobilisation et parer à toute attaque surprise venant de l’Allemagne.

Toutefois, en dépit de quelques escarmouches, aucun combat n’a lieu sur la frontière jusqu’au 10 mai 1940, date de l’offensive allemande sur l’Europe de l’Ouest. La Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg et la France sont alors attaqués et progressivement envahis.

Les armées françaises et alliées sont très vite mises en déroute. La défense de la frontière avec l’Allemagne devenue finalement inutile, le 13 juin 1940, les troupes d’intervalles situées sur les arrières de la ligne Maginot reçoivent l’ordre d’évacuer vers les Vosges.

Les équipages des ouvrages doivent quant à eux tenir jusqu’au 17 juin pour couvrir ce repli puis celui, le 15 juin, des troupes occupant les casemates d’intervalles.

Bien conscient de son isolement suite à l’évacuation des casemates nord et sud de l’Einseling, Albéric Vaillant décide d’envoyer, chaque nuit à partir du 15 juin, quelques soldats les réoccuper. L’objectif ? Faire un maximum de bruits en tirant au hasard, puis revenir au matin en sécurité à l’ouvrage.

Cette stratégie de diversion visait à faire croire aux troupes allemandes que ces casemates étaient toujours occupées. Audacieuse, la manoeuvre réussit à merveille et les artilleurs allemands pilonnent les positions pendant des jours. De véritables paratonnerres !

Les combats acharnés de juin 1940

Le 21 juin, à partir de 7 h 00 environ, un important bombardement démarre sur les casemates mais aussi l’ouvrage. 

De la casemate nord des Quatre-Vents, elle aussi évacuée par son équipage le 15 juin mais réoccupée depuis par une poignée de soldats de l’ouvrage de Laudrefang, la situation est surveillée de près.

Vers 7 h 30, les soldats de cette casemate observent un assaut d’infanterie se mettre en place. Immédiatement, ils appellent l’Einseling pour les prévenir, alors que l’ouvrage, construit à contrepente, n’a aucune vue sur ses arrières.

Dans la foulée, l’ouvrage de Laudrefang est aussi prévenu. 

Alors que les troupes allemandes sont en plein assaut, à découvert sur la pente, les armes de la casemate nord des Quatre-Vents et les 2 mortiers de 81 mm du bloc 1 du PO de Laudrefang ouvrent le feu. La précision des tirs fait vite hésiter puis refluer dans la confusion générale les fantassins allemands, qui laissent sur le terrain des morts et blessés, ainsi que leurs canons.

Ils finissent par agiter des drapeaux blancs, demandant aux soldats français de cesser le feu pour permettre de récupérer les corps et les blessés.

Désormais conscients de la puissance de feu du Laudrefang et des casemates nord et sud des Quatre-Vents, les officiers allemands décident de concentrer l’essentiel de leurs efforts sur ce môle qui leur résiste.

L’équipage de l’Einseling tient bon jusqu’au 25 juin à 0 h 35, date de l’entrée en vigueur de l’armistice.

Le 25 juin au matin, Albéric Vaillant sort de l’ouvrage accompagné de son second, René Vion, où ils rencontrent un émissaire allemand à la limite du réseau antipersonnel.

L’émissaire exige du commandant que son équipage dépose les armes et livre son équipage. Ferme et sûr de sa mission, Albéric Vaillant réplique que l’armistice est en vigueur et qu’il ne répond qu’aux ordres du Haut Commandement français.

Alors que la situation s’envenime, René Vion rentre précipitamment à l’intérieur de l’ouvrage et donne l’ordre de mettre la tourelle de mitrailleuses en batterie.

Surpris par cette manoeuvre et comprenant qu’il ne tirera rien de ces Français-là, l’émissaire allemand regagne ses lignes.

Les soldats de l’Einseling, invaincus, attendent désormais de savoir quand ils pourront regagner leur foyer.

La reddition et les conséquences pour l'équipage

Le 30 juin 1940 pourtant, c’est la douche froide. Ils apprennent qu’ils sont faits prisonniers de guerre. C’est l’une des conditions exigées par l’Etat-Major allemand lors de la signature de l’armistice.

Le lendemain 2 juillet, l’équipage de l’Einseling part pour l’Allemagne puis est réparti dans des camps de prisonniers. La plupart ne rentrèrent en France qu’en 1945, après la Libération.

Einseling de nos jours
L'Einseling de nos jours dominant la vallée du Warndt. A l'horizon, la frontière allemande.

Soutenez-nous

Grâce à vous, nous pouvons aller plus loin dans la restauration du secteur fortifié de Faulquemont, acheter du matériel, organiser plus d’événements pour informer. Chaque don nous aide un peu plus.

L’ASFF étant une association d’intérêt général, vos dons sont déductibles fiscalement.